Les klesha synthétisent les causes de la souffrance dans la philosophie du yoga.

La méthode du yoga a répertorié 3 principales causes de souffrance:

- Aadhi Daivika → les perturbations causées par des catastrophes naturelles et sur lesquelles nous n’avons aucun contrôle (tempêtes, inondations, incendies...)

- Aadhi Bhautika → les perturbations causées par d’autres êtres vivants ou par notre environnement (voisins bruyants, pollution sonore, grèves...)

- Aadhyaatmika → les perturbations causées par notre corps et notre mental (frustration, jalousie, problèmes de santé liés à la sédentarité...)

Le yoga s'intéresse uniquement à cette dernière catégorie.

Les 5 Klesha

Le yoga aide à réduire les effets de la dernière catégorie (Aadhyaatmika), à savoir celle sur laquelle nous avons un impact.

Patanjali a répertorié cinq Klesha, c'est à dire des obstacles qui provoquent des perturbations dans notre corps et notre mental:

1. L’ignorance (Avidya)

2. L’égo(-isme) (Asmita)

3. L’attachement (Raga)

4. L’aversion (Dvesha)

5. La peur (Abhinivesha)

1.Avidya, l'ignorance

“ L’ignorance consiste à considérer l’impermanent comme permanent, l’impur comme pur, le douloureux comme agréable et le non-soi comme soi.” Yoga Sutra II.5

Ex: je me promène au crépuscule quand j’aperçois un serpent. Je deviens beaucoup plus vigilant car j’ai peur de me faire mordre. En regardant de plus prêt, je réalise que le serpent est en fait une corde.

Ceci est un exemple très simple d’Avidiya, qui peut être beaucoup plus complexe au quotidien. Néanmoins l'idée principale est là. Lorsque nous ne sommes pas en possession de tous les éléments et que nous interprétons, cela revient souvent à regarder les événements à travers un miroir déformant, en faisant de fausses interprétations et en donnant de l’importance à des choses qui ne devraient pas en avoir.

2. Asmita : le sens du « je », l'ego

“Le sentiment de l'égo vient du fait que l'on identifie le spectateur et le spectacle.” Y.S II.6

L’égoïsme dans cette philosophie est proportionnel à notre degré d’ignorance et consiste à s’identifier aux parties matérielles de nous-mêmes (prakriti), à savoir notre corps, notre nationalité, notre religion, nos possessions, nos réalisations etc.

Dès qu'il y a point de vue, il y a subjectivité c'est à dire identification du sujet et de l'objet.

L'idée est de prendre conscience qu'il n'y a pas de point de vue mais que des points à voir.

3. Raga : désir, passion, attachement

“En s’identifiant aux expériences plaisantes, s’en suit l’attachement” Y.S II.7

La notion d’attachement est parfois mal interprétée et ne doit pas être confondue avec l’engagement.

L'idée: lorsque nous nous détachons de l’attachement nous sommes capables d’apprécier réellement ce qui est sans projection ni attente et donc sans déception ni peur.

Il ne s’agit pas d’abandonner ce que nous aimons mais plutôt de lâcher prise sur les attentes qui les entourent. Ce n’est pas la perte en soi qui nous blesse, mais les attentes déçues – les histoires que nous nous racontons sur ce dont nous avons besoin ou sur le bonheur que nous éprouverions en atteignant nos objectifs.

4. Dvesha : l’aversion, la colère

“ Le refus est lié à la peur de souffrir ” YS II.8

L’aversion se manifeste par la peur d'éprouver à nouveau un événement douloureux.

Ex : lors d’une séparation, il s'agira d'éviter certains lieux, activités, personnes susceptibles de nous replonger dans une situation ou des souvenirs désagréables.

Dvesha peut également être interprété par une tendance à catégoriser les évènements de façon binaire.

Dans cette vision, il est essentiel d'éviter d'observer le monde d'un point de vue dualiste (et donc caricatural car ne reflétant pas la réalité) pour éviter la douleur qui y est inhérente.

5. Abhinivesha : l'attachement à l’existence

“L'instinct de conservation, lié au sentiment que l'on a de son importance, est enraciné en nous, même chez l'érudit” YS II.9

Le savoir n'est pas la connaissance, le rationnel n'empêche pas la pulsion.

L'instinct de conservation se manifeste de différentes façons et nous incite à ne pas tenir compte des autres quand nous nous sentons menacés.

 

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